Kultur08. April 2021

Au Centre Dominique Lang de Dudelange jusqu’au 11 avril

Les femmes de Sophie Medawar s’opposent aux oppressions et tabous quotidiens

de Michel Schroeder

Sophie Medawar est à la fois artiste et transmetteur de messages. Elle commet de l’art façonné comme un bijou exceptionnel, de l’art qui exprime, ressemble à une danse au fond d’une profonde forêt. Au travers l’exposition qui porte le titre «Shéhérazade 3.0» et qui sera visible jusqu’au 11 avril prochain à la Galerie Dominique Lang, à Dudelange au 4, Avenue Grande-Duchesse Charlotte (Tél. 516121291), Sophie Medawar donne une voix aux femmes, tout en mettant en avant leur force d’esprit et de caractère lorsqu’elles s’opposent aux oppressions et tabous quotidiens.

L’exposition est encore ouverte du jeudi au dimanche de 15 heures à 19 heures. Le Centre Dominique Lang se situe dans l’ancienne gare de la Ville de Dudelange.

Sophie Medawar a obtenu un Master en direction artistique à Paris et a suivi des études en peinture et illustration de mode, à la Central Saint Martins de Londres. Si vous la contactez et visitez son atelier il vous sera possible de découvrir les travaux de mode qu’elle réalise avec amour et passion.

L’artiste, avec laquelle nous avons eu un excellent contact et qui nous a raconté beaucoup de choses fort intéressantes au sujet de ses réalisations, a posé pour notre photographe devant le fameux confessionnal. Cette pièce tout à fait exceptionnelle a été exposée lors de la Biennale de Cochin, en Inde, en 2018, au cœur de l’exposition «Of Memories and Might». Une Biennale qui attire plus d’un million de visiteurs. Cette œuvre a nécessité quasiment une année de travail. Lorsqu’elle est arrivée à Luxembourg, elle était cassée. Elle symbolise un voyage particulièrement long.

Lors de l’exposition de cette œuvre en Inde, l’artiste avait demandé au public d’inscrire et de décrire les tabous et les oppressions qui l’affectaient sur des papiers spéciaux mis à disposition, puis de les déposer dans l’urne qui se trouvait dans le confessionnal.

Les Bouche prison

Trop souvent on ne parvient pas à se soustraire à son éducation, tout comme encore trop souvent à sa religion. Cela dépend des pays évidemment. Il faut briser le et les silences qui entourent et encadrent les tabous.

Les bouches prisons sont là pour dire, pour crier, pour faire jaillir les oppressions, ainsi que les tabous quotidiens auxquels il est impératif de réussir à mettre fin. N’hésitez pas à marcher sur l’installation Les Bouche Prison.

Ces centaines de petites bouches émettent alors des sons, des bruits. Ces bruits sont autant de cris.

«Mon thème de prédilection, dans mon œuvre», explique l’artiste, «est celui de la place de la femme dans la société. Il est grand temps que les femmes osent parler, qu’elles apprennent à parler, à dire, à s’opposer lorsqu’elles le ressentent. Certaines charges mentales écrasent, assassinent. Les charges mentales s’accumulent, souvent elles deviennent insupportables. Elles détruisent, démolissent.»

Son Art est à son image. Libre et indépendant. Elle veut être et elle est une femme libre et indépendante. L’Art de Sophie Medawar chevauche entre Ses cultures, l’Occidentale et l’Orientale, au service des femmes, au service de leur indépendance et de leurs libertés.

Quel est le chemin que vous souhaitez prendre ?

Sophie Medawar s’exprime à travers plusieurs disciplines artistiques : la peinture, la gravure, les installations, les dessins. Toutes poursuivent un même but, un seul objectif, exprimer, dire.

Son installation qui porte le nom «Il était une fois» est une invitation à se poser des questions à propos du chemin que l’on a envie de prendre.

Au premier étage de la Galerie Dominique Lang vous verrez une nature morte (un buste) avec sa flamme qui vacille en permanence. Le buste qu’elle a filmé elle a découvert l’original au Kérala dans le jardin de ses amis. Elle en a réalisé un moulage. Ce buste est porteur de purification.

L’Inde, seconde patrie de l’artiste

Les peintures de femmes de l’Inde de Sophie Medawar sont réalisées à l’aide de cire et d’un mélange d’épices indiennes.

L’Inde, depuis les restrictions due au Coronavirus, manque terriblement à l’artiste.

C’est à l’adolescence qu’elle a effectué un premier voyage, en Inde, avec ses parents. «J’apprends à ma fille, âgée de dix-huit mois que la nature est une vraie force et que l’omniprésence de la nature est importante dans la vie, nous a-t-elle expliqué».

Cette omniprésence de la nature, l’artiste la vit dans la luxuriance végétale du Kérala, une région de toute beauté, située en Inde.

Sophie Medawar est une artiste qui a la capacité d’écouter les femmes et leurs récits intérieurs. En 2018, elle interrogeait le Silence des femmes. Son chemin a alors été une quête de la parole entravée, méprisée, chuchotée.

Aujourd’hui, ses travaux, ses réalisations, sont censés mener à une voie plus forte. Pour que non seulement la parole féminine ne soit pas seulement entendue mais écoutée. Shéhérazade est le titre de l’exposition actuelle à la Galerie Dominique Lang. Shéhérazade a été une narratrice exceptionnelle de la cause des femmes.

Aujourd’hui Sophie Medawar poursuit cette quête. Le résultat est saisissant !