Kultur04. Mai 2024

Jusqu’au 18 mai à Schifflange

Les inédits d’atelier de Gust Graas

de Michel Schroeder

Après avoir rendu un immense hommage à un artiste de Schifflange, Adolphe Deville, disparu en 2022, la Schëfflenger Konschthaus, propose une exposition exceptionnelle, à l’occasion des cent ans de la naissance d’un autre artiste de chez nous : Gust Graas. Lors des discours, le jour du vernissage, beaucoup d’émotion, en particulier de la part de la fille de l’artiste, Kit Graas. La mémoire de Monsieur Graas a été ravivée, celui qui a dit, bien souvent, Je peins donc je suis. Sans la peinture, je perdrais mon âme.

Amies lectrices et amis lecteurs, il vous sera possible de visiter cette exceptionnelle exposition à la Galerie d’art Schëfflenger Konschthaus (2, avenue de la libération L-3850 Schifflange konschthaus@schifflange.lu Tél. : 621 63 83 93) qui se tient jusqu’au 18 mai. L’exposition est ouverte du mercredi au dimanche, de 14 à 18 heures.

Dans le cadre de la commémoration des 100 ans de Gust Graas, vont avoir lieu de nombreuses expositions, conferences … (www.gustgraas.com info@gustgraas.com). L’artiste est né le 19 décembre 1924 à Esch-sur-Alzette.

Il a réussi à concilier l’art et à entamer une carrière de manager

Difficile d’imaginer, en parcourant cette exposition présentant un vaste choix d’œuvres de grande qualité de Gust Graas, que cet homme a été manager de médias, le jour, puis peintre la nuit ! Depuis 1952 à RTL, il a créé Télé Luxembourg, la radio allemande Vier fröhliche Wellen, Radio Lëtzebuerg, le Hei Elei, RTL-TVI en Belgique, M6 en France, RTL + en Allemagne. Saviez-vous qu’il ne s’est pas arrêté en si bon chemin, étant donné qu’il a été également cofondateur et président de Luxair.

Les travaux de l’artiste ont fasciné, de son vivant, des musées, ainsi que des galeries à Londres, Paris, Bruxelles, Madrid, Barcelone, Berlin, Rome, Hong Kong, ainsi que dans notre pays.

Portraits, autoportraits, exploration des formes géométriques

Gust Graas a glissé, au fil des années et du temps, de ses réalisation figuratives vers l’art abstrait. Il a réalisé des autoportraits, a peint les siens, dans un élan d’amour, dans un premier temps pour rester, lui-même présent dans sa famille, alors qu’il avait été enrôlé de force dans l’armée allemande.

Puis, il a peint des êtres imaginaires, principalement des femmes. Ensuite, il a exploré des formes géométriques. Il intégrait l’humain dans ce décor.

À un autre stade, il a divisé le visage et même le corps de ses personnages en perspectives. C’est ainsi qu’il a réussi à représenter la Séduction. On peut voir dans cette peinture deux personnes en train de parler, mais, en même temps, curieusement, on parvient à lire leurs pensées. Leurs corps, vibrants de tendresse s’entrelacent, se confondent aux éléments du décor.

Avec sa peinture Misunderstanding, Gust Graas est quasiment devenu abstrait. Depuis des années 70, il prend ses distances avec l’élément humain dans ses toiles. Il joue alors avec les formes. Par exemple dans son tableau Schueberfouer, il subdivise la grande roue en de petits éléments géométriques.

Guidé par la lumière et un temperament fort

C’est à Majorque que Gust Graas a trouvé une nouvelle voie, une piste autre, lui permettant d’affiner ses réalisations. Il est parvenu à ajouter une note de poésie très personnelle. Celle-ci a interpellé et interpelle encore toutes celles et tous ceux qui regardent ses réalisations.

Monsieur Graas a longtemps travaillé dans la pénombre, son chevalet étant éclairé seulement à l’aide d’une petite lampe de bureau. C’est à Majorque qu’il a invité la lumière du jour à entrer dans son atelier.

Pour se défaire du stress que provoquait sa vie professionnelle, il aimait réaliser les choses essentielles de la vie, comme aller au marché, faire une sieste dans son hamac et, principalement, peindre dans son atelier baignant dans la lumière du jour.

Il réalisait des constructions de ville imaginaires. Puis, il a peint des objets flottant sur des arrières fonds quasiment transparents. Il exprime dans ces toiles une joie de vivre immense. On le sent « enfin » délivré de sa lourde fonction de directeur général de RTL. Il a quitté RTL en 1988.

À cette époque, il a commencé à peindre avec de purs pigments, des pigments qu’il mélangeait avec de l’huile et du fixatif. Il mis en œuvre également une autre technique : au lieu de peindre sur la toile blanche, il collait sur la toile ce qu’il avait sous la main, du papier soie, des grains de riz, des coquillages de la plage d’Alcudia.

Il ne cesse d’avancer, d’évoluer, d’imaginer, de créer. Il est inventif, créatif. Toujours guidé par une fameuse ambition, celle de peindre un tableau par jour !