Luxemburg01. Juni 2024

WISAG Cleaning Services Luxembourg : Quand les «Ressources humaines» rament, les salariés trinquent

Les revers de l’économie

de KP

Dans le contexte du mouvement de contestation, organisé en commun par les syndicats OGBL et LCGB, qui a eu lieu le 23 mai devant le siège du groupe WISAG à Senningerberg, il est important de s’intéresser au dessous des cartes.

La grogne des salariées de la branche »Cleaning Services«, se fonde sur un dysfonctionnement du département des ressources humaines, qui a été doté d’un nouveau logiciel pour le calcul des salaires. Celui-ci, et cela est un des points centraux relevé par la délégation du personnel, n’est plus payé en temps et en heure, tel que prévu par les contrats de travail. Cerise sur le gâteau : le calcul en soi est faux et il en découle, que de nombreux salaires sont faux. Bien entendu, toujours aux frais des bénéficiaires…

L’OGBL, en accord avec les représentants du LCGB, a fait un courrier à la direction en date du 30 avril. Dans celui-ci, les syndicats rappellent que le »dysfonctionnement« est avéré depuis le mois de janvier. Il est aussi noté, que les problèmes étaient connus. Pour ce, les syndicats se basent sur des déclarations de salariés allemands, publiés sur les réseaux sociaux, tels que Facebook ou X anciennement Twitter.

Malgré les efforts des syndicats pour trouver une solution rapide et de verser une prime pour les contraintes subies par les salariées, la direction du site luxembourgeois semble devoir se plier aux ordres émis par le siège du groupe sis à Francfort. Au lieu de trouver un accord à l’amiable, cette direction a elle décidée de passer à l’attaque. En réponse au courrier des syndicats, celle-ci s’est permise de rappeler aux employés, le règlement interne. (voir photo). Il n’en fallait pas vraiment plus pour engager le bras de Fer avec l’OGBL et pourtant. Les «Ressources humaines«, en invitant la délégation du personnel pour expliquer la fiche de salaire il en ressort que le seul but de cette manigance était de les persuader à annuler le mouvement.

S’il est vrai, que la direction a d’autres intérêts a défendre, on en retiendra aussi la conclusion, que les dirigeants de WISAG Cleaning Services Luxembourg, ne suivent qu’aléatoirement les actualités du pays. Le mouvement de grève chez Ampacet à Dudelange, qui se termina sur une victoire méritée, ils n’en ont rien su. De plus, le gain de cause des ouvriers de Coca-Cola à Howald ou encore celle des salariés de Cargolux, ont pourtant démontré, que les syndicats ont bel et bien joué leur rôle.

Le rappel à l’ordre

Lors du piquet de protestation, les différents représentants du personnel et des syndicats, que cette manifestation était nécessaire pour se défendre contre l’injustice et les abus de pouvoir envers les salariés. Il est avéré, que des ouvriers n’ont pas ou seulement en partie reçu leur salaire. Des heures de travail ont fait l’école buissonnière, des jours de congé se sont fait la malle et les erreurs portant sur la CNS, les congés parentaux ou encore les impôts sont à la base d’un chaos extrême, sans parler de la pression qu’ont subis les salariés de WISAG.

Dans la lettre à la direction ­ avec copie pour l ‘ITM ­ l’OGBL a demandé le respect de la convention collective, selon laquelle il est prévu, que les salaires doivent être sur le compte du salarié au plus tard le 15 du mois. Un courrier resté sans réponse…

Pour l’OGBL il est inacceptable, que des personnes dévouées à leur travail, se retrouvent dans une situation compliquée, comme ne pas pouvoir payer le loyer ou se retrouver devant un frigo vide. Dans certains cas, des salariés de la WISAG auraient été contraints de demander l’aumône auprès de leur proches ou des amis, pour subvenir au plus urgent.

En date du 14 mai, avait enfin lieu une sorte de table ronde, lors de laquelle la direction a tenté tant bien que mal d’expliquer le changement de système. Ils ont admis ne pas être satisfaits de la situation actuelle et que les services administratifs font de leur mieux pour remettre de l’ordre. Ils ont expliqué aux représentants des syndicats, que le groupe aurait fait confiance à l’entreprise qui a fourni le logiciel. C’est une bien maigre explication et rejeter la faute sur un tiers, n’est de loin pas une raison pour les retards de paiement de salaire et les erreurs sur les fiches de paie.

D’un autre côté, il est a noter, que dès lors qu’un employé se met en tort par rapport au contrat de travail, des règles de sécurité, des notes de service et bien plus encore, la lettre d’avertissement elle est »immédiate«. Il était donc inévitable de rappeler à l’ordre ceux et celles qui sont à l’origine de cette lutte syndicale. Dans le cas présent, les syndicats OGBL et LCGB informent les salariés, qu’il est possible de démissionner et de réclamer des indemnités.

Un petit regard sous le tapis s’impose

Mais au fait. Qu’est-ce c’est la WISAG ? On notera au passage, que sans les problèmes énoncés ici, seul un cercle restreint de personnes connaît ce groupe. Il semble donc être d’intérêt général, de jeter un regard plus précis sur cette entreprise allemande, qui n’est pas arrivée au Luxembourg par hasard.

La WISAG a son siège dans la métropole financière de l’Allemagne, se réclame d’employer plus de 50.000 personnes, répartis sur 250 sites et étant actif dans une douzaine de branches, tel le nettoyage, l’aviation et encore l’immobilier. Fondé par Claus Wisser en 1965, WISAG est une entreprise de nettoyage ayant une bonne renommée. En 1975, ce dernier reprend une idée des américains et se lance dans la gestion immobilière. La palette des services est élargie et comprend depuis 1990 : service de sécurité, portiers, jardinage et entretien des équipement techniques…

Afin de rassembler toutes les entités sous un même toit, c’est en 1993 qu’est créée la WISAG Service Holding. Au début de 2004, toutes ces entreprises sont estampillées WISAG avec la dénomination primaire du service offert. Pour des raisons de visibilité, voire de marketing, ce groupe familial divise la WISAG Holding services en trois entreprises: la WISAG Facility Services Holding, la WISAG industrie Service Holding et la WISAG Aviation Services Holding. Le chiffre d’affaires global dépasse le milliard d’euros.

Au Luxembourg, WISAG se dit employer près de 1.700 personnes, ce qui la place dans le top 20 des entreprises. Elle était, jusqu’au moment des récents problèmes, plutôt reconnue compatible avec ses salariés.