Jhemp Bastin à la Galerie Simoncini jusqu’au 15 janvier
Son cœur bat en osmose avec celui des arbres
Jhemp Bastin expose ses sculptures à la Galerie Simoncini au 6, rue Notre-Dame à Luxembourg. Le galeriste et poète André Simoncini et Jhemp Bastin sont de grands amis de longue date.
L’artiste est né en 1963 à Ettelbruck. Aujourd’hui il vit à Büderscheid, dans une région où règnent des forêts majestueuses. Il y a acquis une ancienne ferme, une bâtisse qui lui a permis d’installer un atelier équipé de tronçonneuses impressionnantes. Son atelier est un havre de paix. Il explique qu’ici toutes ses pensées son axées sur son travail, et qu’il garde en même temps un lien avec l’extérieur et la nature.
Il a étudié à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, ainsi qu’à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. En 1995, il a obtenu une bourse de séjour à la Cité internationale des Arts de Paris.
Il enseigne, à mi-temps, le dessin, la peinture et la sculpture sur bois, au Lycée agricole d’Ettelbruck.
Une piste pour comprendre cette inconditionnelle passion pour les forêts est que Jhemp Bastin est fils de fermiers, qui ont travaillé dur dans leur ferme de l’Oesling.
Il se nourrit de la chair des arbres
A ses débuts, il a réalisé des œuvres en métal, ainsi qu’en papier mâché. Puis, alors qu’il arpentait les forêts de nos Ardennes profondes, il a soudain éprouvé une passion quasi amoureuse pour les arbres. Ils sont devenus ses amis, ses partenaires, ses muses, il partage avec eux bien des émotions. Émotions qu’il partage avec un public de plus en plus nombreux, un public sensible lui aussi aux arbres, au bois, aux forêts. Bien vite son talent prometteur fut remarqué et il a aujourd’hui une place de choix parmi les sculpteurs sur bois.
Chez lui, là où il vit, là où il vibre et où il crée, il a en permanence une vue de choix sur une magnifique forêt.
Il n’abat aucun arbre pour réaliser ses sculptures. Il utilise des arbres qui ont été abattus pour des raisons forestières, et qui gisent sur le sol. Les troncs sont parfois âgés de deux-cents ans ! Jhemp Bastin vit quasiment en osmose avec les arbres : il s’aventure au sein de leur chair, pénètre au cœur de l’arbre, s’abreuve de son essence, les apprivoise. C’est alors que surgit l’inspiration la plus profonde que l’on puisse imaginer, celle qui donne naissance à ses œuvres.
Cet acte est magnifique, sublime !
Matière organique et géométrie
Lorsqu’il récupère un tronc de chêne, de hêtre ou de robinier, l’artiste prend place dans le fauteuil de son atelier. Puis, la magie opère : «Un dialogue s’installe entre le tronc et moi. Chaque tronc est différent. En ce qui concerne l’œuvre qui va surgir du tronc, nous sommes deux à décider. Le bois est un partenaire d’égal à égal».
«La tronçonneuse m’a permis d’aborder le bois de manière artistique. Elle laisse des traces, elle est brutale, elle correspond au caractère du bois. Depuis que j’utilise des tronçonneuses, j’ai une approche artistique plus directe», explique l’artiste.
Pour ses réalisations, Jhemp Bastin trouve toujours la bonne combinaison entre la matière organique et la géométrie. Lorsque les découpes horizontales et verticales sont terminées a lieu le séchage. Il assume ensuite des finitions au chalumeau, ceci pour apporter une autre couleur naturelle à ses sculptures, ce noir profond qui fait partie de son ADN.
Un parcours émaillé de nombreux prix
Le parcours de Jhemp Bastin est émaillé de nombreux prix, parmi ceux-ci : le Prix de la Biennale des Jeunes d’Esch-sur-Alzette, le Prix d’encouragement aux jeunes artistes lors du Salon du Cercle artistique Luxembourg (CAL), en 1995. En 2001, il s’est vu attribuer le Prix du Club 51 Bassin Minier, ainsi que le Prix de Raville au Salon du CAL. C’est en France, à Marcigny, que le public lui a remis son prix lors de la Biennale d’art contemporain. À son palmarès est venu s’ajouter, en 2017, le 1er prix au concours «Strasse des Friedens», Esch-sur-Sûre. Une sculpture monumentale lui a été commandée dans le cadre de ce prix prestigieux. Il est toujours possible d’admirer aujourd’hui cette superbe réalisation mise en place à Eschdorf.
Dans le cadre du Concours Gîtes Red-Rock-Trail du projet Minett-Trail de l’Année de la Culture Esch 2022, son projet de sculpture a été retenu. Celle-ci se trouve sur le site des gîtes de Bettembourg.
Si l’artiste a participé à de nombreuses expositions collectives, telles 100 Joer Lëtzebuerger Konscht, à Strassen, les Discovery Art Fair de Francfort et de Cologne, à la Galerie Ronald Feldmann de New York, à Karlsruhe, à Strasbourg, au Japon. Lors de ses expositions individuelles, le public applaudi son immense talent, depuis plus de vingt ans, à la Galerie Simoncini, à la Fondation Valentiny, à la Kunstverein Eschweiler, à Anvers, Gand, Daun, Strasbourg, Esch-sur-Alzette (Galerie Schlassgoart et Galerie de l’Escher Theater), à Barcelone…