Pol Greisch : derniers rayons de lune, premiers rayons de soleil
Il a fini par poser ses marques dans l’univers théâtral de notre pays. Il joue indifféremment en langue française, luxembourgeoise, ou allemande. Chaque scène dans laquelle il apparaît, chaque personnage dont il revêt les caractéristiques, les émotions, les jeux visuels, sont imprégnés de sa force, de sa maîtrise.
Il écrit des poèmes, des textes en prose, des pièces radiophoniques, des scénarios, principalement en luxembourgeois. Chacune de ses œuvres est poignante, achevée, originale.
On se souviendra de « Belle-Ile a Fënsterdall » et de sa toute récente « Dame blanche » au Théâtre des Capucins.
Il a été primé au Concours Littéraire National. Il a obtenu le Prix Servais en 1993 pour sa trilogie « Äddi Charel – Besuch – E Stéck Streisel ». Le Prix Batty Weber est venu couronner l’ensemble de son œuvre en 2002.
Il, c’est Pol Greisch, un artiste luxembourgeois aux valeurs multiples, un artiste accompli, un personnage en haut en couleur qui possède des talents qu’il maîtrise avec bonheur.
Son nouveau livre vient d’être publié aux Editions Phi ( www.editionsphi.lu ) sous le titre « D’Sonnesäit ». Cette anthologie contient rien que des inédits : des nouvelles, des récits, des poèmes. Le tout illustré par Marie-Paule Schroeder.
Pol Greisch est venu au monde avec une corbeille de mots, en cadeau : il se sent très à l’aise en écrivant en luxembourgeois. Cette langue sied à ses textes, à ses livres, comme un costume coupé sur mesure.
Son style est superbe, maîtrisé. Pol Greisch raconte avec beaucoup d’émotion, de sensibilité, mais pas de sensiblerie, l’histoire de petites gens, de gens simples.
Dans la vie, il y a la face obscure de la lune, puis les rayons lunaires. Les rayons lunaires font toujours place aux rayons du soleil. Les personnages de Pol Greisch sont à la recherche d’un rayon de soleil pour se réchauffer, pour oublier leur quotidien, pour oublier la tragédie de leur vie.
Leur existence n’est pas rose, parfois ils vivent même au ban de la société, ou à son extrême limite. Ils attendent que l’on leur tende la main.
Pol Greisch connaît l’humain. L’humain fait de peines et de joie(s). L’humain qui n’ose pas dire, exprimer. L’humain qui trimballe derrière lui ses frustrations, ses non-dits, ses conflits non résolus.
Certains préfèrent s’accorder au train-train quotidien, même si celui-ci pèse lourd. Ils n’ont plus la force, ni vraiment le courage, ils sont vides, lessivés.
Les nouvelles, récits, poèmes de Pol Greisch sont ornés de scènes comiques. Parce que le comique permet au lecteur de ne pas se laisser avaler par la tristesse.
Nous vous conseillons la lecture de cette anthologie de grande qualité, écrite à l’aide des yeux du cœur, avec talent et émotion.
Un livre superbe.
« D’Sonnesäit » de Pol Greisch. Editions Phi. ISBN 978-2-78962-274-3.
Michel Schroeder